Retrouvez l’interview exclusive de Maurice Buaz à l’occasion de la préparation de son nouveau spectacle Signé Sardou et des fêtes de fin d’année.
Maurice, nous t’avons laissé en Juin 2015 avec Crooners, au Théâtre Antique de Vienne. Que s’est-il passé depuis ?
MB : Après l’hommage à mon ami Jean Ottogali en mars 2016, et avant la comédie musicale que je co-écris avec Stéphane Vettraino, j’ai été pris d’un « coup de blues » dû sans doute au fait que j’ai soudain pris conscience du temps qui passe… chose qui n’était pas forcément évidente devant la cadence effrénée à laquelle j’ai enchaîné les spectacles durant ces dernières années, parallèlement à mes activités pédagogiques.
Finalement, tu reviens avec Signé Sardou, 30 ans après. Pourquoi ce choix ?
MB : J’ai récemment appris que Michel Sardou mettait un terme à sa carrière musicale (je pense qu’il a raison de le faire, du reste !). Cependant, il a encore selon moi un nombreux public.
J’ajoute que ce Signé Sardou version 2 est avant tout un hommage à Jacques Revaux, avec lequel il a beaucoup travaillé, et qui reste à mes yeux un formidable compositeur et arrangeur.
Alors je me suis dis : « pourquoi pas ? »
Et la disparition récente de Johnny me renforce dans l’idée du retour en arrière.
En quoi ce spectacle sera-t-il différent de la première version ?
MB : Le premier Signé Sardou est issu de l’Ecole de Musique que je dirigeais alors, qui n’existe plus aujourd’hui. Il était le fruit d’un projet pédagogique qui a duré deux ans, puisque de février 1988 à septembre 1990, nous avons donné 15 concerts vus par plus de 20 000 personnes, dans toute la Région Rhône-Alpes de l’époque. Professeurs et élèves l’ont donc porté à bout de bras, faisant de l’Ecole une sorte de pilote où sont entrés les premiers synthétiseurs (DX7, D50, T3…) et les premiers ordinateurs.
Avec mon ami et collègue Gérard Lefebvre, aujourd’hui disparu, qui dirigeait le Conservatoire de Bourgoin, j’ai été l’un des premiers directeurs à insérer les ordinateurs dans les cours de Formation Musicale, par le biais du fameux ATARI… Avons-nous été suivis ? Je m’interroge…
Le premier Signé Sardou a été aussi une belle aventure humaine, réunissant des musiciens venant d’horizons les plus divers, de l’élève presque débutant, en passant par le chanteur de bal, jusqu’à Metiss, groupe Lyonnais qui a eu son heure de gloire, avant de s’évanouir aux Etats-Unis.
Imaginez les élèves qui croisaient Jérémy, le chanteur vedette du groupe, dans les couloirs de l’Ecole, et qu’ils avaient vu la veille à la télé, chez Drucker ou Foucault.
Le nouveau Signé Sardou n’a pas grand chose à voir avec tout ça : il est l’émanation d’une volonté à produire un spectacle de qualité, entouré pour ça de gens du métier, même si, vous le savez bien, j’aime mêler les mondes et les univers. Sur la centaine de personnes qui ont participé à la première version, seule Lilou participera à la seconde. Elle était alors choriste, elle est maintenant l’une des 5 solistes qui chanteront Sardou à tour de rôle les 2 et 3 Juin 2018.
Le programme a évolué aussi, même si j’ai gardé quelques incontournables : Les Lacs du Connemara, Je vole, La Java de Broadway, L’An Mil… J’y ai ajouté quelques chansons classées comme politiquement engagées à l’époque, et qui maintenant n’émeuvent plus personne. Enfin, je garde en réserve quelques surprises, car j’ai bâti mon programme aussi en fonction de quelques thèmes que Revaux est allé puiser dans le répertoire de la musique classique. J’aime beaucoup ça. Gainsbourg, Nougaro, Claude François l’ont aussi souvent fait. Et c’est une manière élégante de démocratiser la musique savante, en y mélangeant les styles et les époques.
Parle nous de ton travail d’arrangeur…
MB : Je serais tenté de dire que c’est le plus beau métier du monde, à condition qu’il soit bien fait. Lorsque je me suis retrouvé avec mes diplômes d’écriture en poche, j’ai voulu comme tout le monde composer, et tout de suite. Mais, j’ai vite déchanté, on sait qu’aujourd’hui, on peut compter sur les doigts d’une main ceux qui vivent de la composition en France. Je me suis donc retourné vers des travaux plus modestes, mais qui m’ont d’emblée passionnés, notamment dans un milieu – la musique populaire – auquel je n’étais pas forcément destiné.
Depuis bientôt 40 ans que j’arrange, que dire, sinon que je me suis essayé à tous les genres, tous les styles, mes spectacles sont là pour en attester, et qu’en définitive, je trouve un égal plaisir à mettre mes pas dans ceux de Mozart, Revaux, Quincy Jones, pour ne citer qu’eux ! Bien sûr, mon style a évolué avec le temps, mais j’admets cependant avoir encore des lacunes pour arranger la guitare ou la percussion, deux instruments que je connais mal. Bien que les ayant joués un peu, le monde fulgurant des nouvelles technologies m’a un peu pris de court. Enfin, mes études au niveau acoustique m’ont fait aussi changer ma façon d’arranger.
On connait tous Michel Sardou pour sa voix puissante. Qui as-tu choisi pour interpréter ses chansons ?
MB : A l’époque, je n’avais qu’un seul Michel Sardou, Patrick Favier, qui l’interprétait à la perfection, aujourd’hui j’en ai 5 ! C’est merveilleux, non ?
Oui, à l’époque aussi, Sardou c’était une voix ! – j’ai donc pris le contrepied, en faisant chanter trois solistes féminines, qui apporteront une couleur différente aux chansons, que le public a l’habitude d’entendre. C’est un effet de surprise sur lequel je compte beaucoup.
Lilou, mon amie de 30 ans dont j’ai déjà parlé, mais aussi Sophie Garcia, presque habituée des plateaux télé, qui a participé à mes derniers spectacles, et Véronique Larose, à la technique vocale irréprochable, qui dirige nombre de chorales de la région.
Deux solistes masculins viennent compléter le tableau. Mon ami et complice Didier Rieux, qu’on ne présente plus dans le secteur et qui avait été un magnifique Frank Sinatra. Enfin, Nicolas Reyno, qui fait une belle carrière en chantant notamment Sardou dans le nord de la France et qui veut bien participer à l’aventure. En un mot : que du lourd !
As-tu un message à faire passer à celles et ceux qui te suivent pour les fêtes de fin d’année ?
MB : Si ce n’est pas trop tard, j’aimerais souhaiter à tous ceux qui me connaissent d’excellentes fêtes de fin d’année, et qu’ils profitent de ce temps de Noël pour resserrer les liens familiaux et amicaux, car il me semble que ce monde éthéré accélère l’éloignement. Ce n’est pas bon ! Restez unis et solidaires, c’est tout ! Le reste suivra.
En guise de clin d’oeil, je leur suis infiniment reconnaissant de la petite renommée que j’ai acquise ces dernières années. J’en veux pour preuve qu’au début de ma carrière, lorsque « j’ai sorti » Signé Sardou, avec mon complice Daniel Sassolas, mes connaissances lointaines me disaient : « Signé Sardou, c’est super, tu nous as épaté. Mais à part ça, que fais-tu dans la vie ? »
Pour vous montrer à quel point je suis reconnu maintenant, il y a quelques temps déjà que plus personne ne me demande ce que je fais à côté !
Je te remercie pour cet entretien et te souhaite bon courage pour la fin des arrangements car je crois savoir que tu souhaites terminer pendant les vacances de Noël, vacances qui n’en seront pas vraiment pour toi !
A suivre, les interviews des solistes de Signé Sardou…
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